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Tous les humains sont égaux... Mais certains sont plus égaux que d'autres

Par Brice Dansereau-Olivier - Cette phrase, inspirée d'un célèbre passage du classique de George Orwell Animal farm, n'a jamais été autant d'actualité qu'aujourd'hui. La plupart d'entre nous considèrent l'égalité des droits entre les Hommes (et les femmes, il va sans dire) comme l'une des conditions de base du bon fonctionnement d'une société dite ''civilisée''. Pourtant, les voix qui dénoncent les manquements trop, et malheureusement de plus en plus, fréquents à ce principe se font rares.

L'accroissement des inégalités y est certes pour quelque chose. Mais si l'on trouve toujours un quidam pour s'émouvoir des disparités de richesse grandissantes, bien peu s'attardent aux conséquences d'autant plus graves qui découlent de celles-ci.

Une justice de classe

J'abordais déjà l'année dernière les iniquités de traitement, mais aussi de conséquences, auxquelles font face les personnes judiciarisées relativement à leur statut socio-économique (Pas d'argent, pas de justice : pauvreté et aide juridique – 19 juillet 2013). Cela demeure vrai autant au civil qu'au criminel d'ailleurs. Difficulté à s'acquitter des frais d'avocats, moins bonne représentation (avocats moins expérimentés , surchargés, etc.) pour les plus pauvres, préjugés favorables des juges et procureurs envers les mieux nantis et sentences plus sévères pour les autres.

Exemple extrême s'il en est, certains juges américains ont commencé à reconnaître ce qu'ils appellent l'Affluenza dans le jugement de certaines causes. Ce principe inique a été utilisé par ceux-ci pour justifier se montrer plus cléments envers certains accusés sous prétexte que leur trop grande richesse et leur situation de privilégiés les rendaient incapables de comprendre les conséquences juridiques de leur actes. Oui oui, vous m'avez bien compris. Des gens innocentés ou pardonnés sous prétexte qu'ils étaient simplement trop fortunés pour concevoir que la loi s'appliquerait également à eux.

Je reconnais que le système de justice américain n'est pas celui canadien. Tant mieux. Mais ce dernier affront au principe d'égalité n'est que la formulation explicite d'un double-standard qui perdure depuis toujours au sein de nos organes judiciaires. Et n'ayez crainte, au fur et à mesure que se concentrera la richesse et se creuseront davantage les inégalités, cette justice de classe n'ira qu'en s'aggravant.

Une éducation de classe

Si la grève étudiante de 2012 a été loin de se conclure de manière satisfaisante pour le mouvement étudiant et ses alliés, le Québec demeure l'un des endroits au monde où l'éducation supérieure est des plus abordables. Nous sommes loin d'avoir à faire face aux frais exorbitants et aux affres d'un système d'éducation à deux vitesses comme c'est le cas dans plusieurs autres pays occidentaux.

Pourtant, la situation est loin d'être rose pour les étudiants moins nantis du Québec. En effet, les étudiants de milieux pauvres et de la classe moyenne terminent, dans une énorme proportion, leurs études endettés de plusieurs milliers de dollars. En plus de se voir obligés de travailler pendant leurs études (et ce, plus que toutes les générations précédentes), ce qui affecte à la baisse les résultats scolaires, ils devront rembourser leurs prêts étudiants pendant plusieurs années après l'obtention de leur diplôme.

Il est de plus évident que ce n'est pas demain la veille que les différents gouvernements abandonneront l'idée d'augmenter les frais de scolarité et l'endettement étudiant (majorer les prêts, ce n'est que reporter le problème). Facile pour quiconque de comprendre que l'éducation, ce formidable outil de ''mobilité sociale'' qui devait permettre à tous et chacun de partir dans la vie d'un pied plus ou moins égalitaire est maintenant complètement coopté par l'élite économique qui seule en tire avantage complètement.

Santé, logement, impôts... bref, des budgets de classe

Je pourrais vous faire la longue litanie des domaines où se manifestent ce deux poids, deux mesures dans nos choix de société. Je n'ai pas encore eu le temps d'analyser en profondeur le dernier budget libéral, mais une lecture préliminaire me laisse deviner qu'il s'inscrit dans la lignée du dernier budget péquiste et celui des neuf années de gouvernance Charest. Coupures, tarification, taxation, refus de s'intéresser réellement à la colonne revenu du budget gouvernemental, le ton austère de notre bon gouvernement cadrant parfaitement avec le discours standardisé de toutes les chancelleries occidentales.

Alors qu'organes internationaux FMI, Banque Mondiale, etc. qu'on peut difficilement qualifier de militants, n'ont de cesse de mettre en garde contre le danger que représentent les mesures d'austérité, non seulement pour l'accroissement des inégalités, mais également pour la santé (déjà vacillante) des « démocraties » occidentales, nos bons dirigeants s'entêtent. On s'attaque aux programmes sociaux, on multiplie les cadeaux fiscaux aux riches et aux entreprises, on tarifie davantage les services publics précarisant et appauvrissant toujours davantage les couches populaires.

Ne nous leurrons pas, les inégalités économiques ont des conséquences beaucoup plus larges que de vulgaires différences de pouvoir d'achat. Elles finissent par être une menace à la dignité humaine. Quand, pour des impératifs économiques, on remet en question l'universalité des soins, de la justice et de l'éducation, quand on tarifie et privatise même les services essentiels à la population, c'est le concept même d'égalité entre les individus qu'on remet en question. Quand on abdique face à la rhétorique fallacieuse que les droits sont modulables en fonction du succès d'un individu, lire ici sa richesse, sous prétexte des bienfaits d'une méritocratie truquée, c'est l'aveu implicite que ce n'est que sur papier que nous sommes tous égaux en droits et en libertés. C'est la reconnaissance tacite que certains d'entre nous sont ''plus égaux que d'autres''.

Alors que nous relançons aujourd'hui La plus grande gueule, notre détermination est plus forte que jamais à dénoncer dans nos pages l'hypocrisie de ce genre de logique tordue répandue insidieusement par nos élites politiques, économiques et médiatiques. Rompre avec le discours officiel, offrir une tribune aux critiques dissidentes et radicales, trop souvent exclues et boudées par les médias traditionnels et les organes de presse de la gauche réformiste, voilà la mission que s'est donnée cette humble publication. Et contrairement aux autres blogues du genre, nous seront encore ouvert à nos détracteurs et à nos critiques, nous engageant à publier quiconque désire avoir voix au chapitre tant et autant que ses propos respectent nos standards de qualité (écriture soignée, pas de propos haineux, racistes, sexistes ou homophobes). Au plaisir de vous comptez de nouveau parmi nos lecteurs et lectrices.

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