top of page

La main (in)visible de l'État


Contrairement à ce que l'on tente souvent de nous faire croire, la répression politique est belle et bien vivante au Québec.


C'est ce que démontrent sans ambages les nombreux témoignages qu'a récolté la Commission populaire su la répression politique (CPRP) lors de ses audiences. La commission itinérante a sillonné le Québec pour documenter la répression politique entre 1990 et aujourd'hui et la manière dont s'articule celle-ci.


Alors que les commissaires s'attellent à a tâche dantesque de produire un rapport à partir des divers témoignages, mémoires et documents d'archives que la commission a récoltés, la semaine contre la brutalité policière semble une occasion en or de se pencher sur les raisons qui font que ce phénomène soit ignoré, voire carrément nié par une grande majorité des québécois.


Si certains aspects de la répression politique sont plus insidieux et peuvent être de par leur nature plus difficile à identifier (la répression médiatique ou judiciaire par exemple), la brutalité policière, elle, en est l'exemple le plus évident.


Malgré la visibilité dont bénéficient les incidents de brutalité policière, malgré la fréquence alarmante avec laquelle ceux-ci se produisent, ils restent considérés par la majorité des québécois comme anecdotiques s'ils ne sont pas complètement invisibilisés, rejetant trop souvent la totalité de la responsabilité sur les victimes.


C'est la qu'on peut deviner l'engrenage malicieux de la répression politique dans son ensemble. Le discours médiatique banalise ou justifie les comportements inacceptables des forces de l'ordre. Il gomme complètement les aspects les plus révoltants de ceux-ci, qu'il s'agisse de profilage politique, racial ou social.


Même dans les cas les plus flagrants, on trouve souvent le moyen de donner le bénéfice du doute aux forces policières, un luxe qui n'est pratiquement jamais accordé aux victimes de brutalité. Les médias relaient le discours des porte-paroles policiers et des politiques à savoir qu'il s'agit là d’événements isolés, nous servant le fameux discours de la ''pomme pourrie''.


Le judiciaire vient par la suite vernir de légitimité le tout. Qu'un-e arrêté-e soit innocenté-e ou pas, le seul fardeau des démarches judiciaires et des coûts qui leurs sont presque inévitablement associés sont autant de punitions. Casier judiciaire ou pas, les stigmates et traumatismes liés à une arrestation sont nombreux et impactent fortement ceux qui en font les frais.


Ceux qui tentent de dénoncer cet état de fait, cette collusion de haut niveau entre les forces policières et les élites politiques et médiatiques sont pris à partie tout particulièrement, devenant régulièrement la cible de harcèlement des forces de l'ordre et de discrimination dans la société en général.


Ceci laisse bien souvent les victimes isolées, humiliées, incapables de faire part de l'injustice qu'ils ont vécus et incapables de dénoncer et d'obtenir réparation pour les abus qu'ils subissent.


C'est pourquoi les initiatives comme la semaine contre la brutalité policière et la CPRP sont absolument nécessaires. En documentant méthodiquement les abus, les responsables et les conséquences, en mettant de l'avant un sujet que l'on tente bien trop souvent de balayer sous le tapis, en mobilisant et en éduquant la population sur ces enjeux cruciaux, on redonne la voix à ceux que l'État désire tant faire taire.

PARTAGEZ:

À LA UNE
PUBLICATIONS RÉCENTES
MOTS-CLÉS
No tags yet.
SUIVEZ-NOUS
  • Facebook Classic
  • Twitter Classic
  • Instagram App Icon
bottom of page